5 avril : Hold-up à la Grande poste d’Oran organisé par l’OS pour financer leurs activités futures révolutionnaires. Aujourd'hui, cet événement est revendiqué par le pouvoir algérien comme l’un des hauts faits de résistance ayant marqué la période précédant les débuts de la « Guerre d’Algérie. À l’époque, il n’était pas certain pour tous que cette attaque ne soit pas le fait de simples malfrats… Elle se situe pourtant dans la période du démantèlement officiel de l’OS par l’armée française, de mars à mai 1949, et tous ceux qui y réchappèrent entrèrent alors dans la clandestinité pour continuer le combat pour l’indépendance.
> Article : Benjamin Stora, « Hold-up à la Grande poste »
> Article : « Il y a soixante-dix ans, l’attaque de la poste d’Oran »
La Grande Poste d'Oran se trouve sur la place de la Bastille qui est à quelques centaines de mètres du "Bottier Modèle" de la rue d'Arzew, au coeur du centre-ville.
Hiver : Les cousines, Arlette et Christiane, qui ont à présent 15 ans, continuent à s’habiller de façon absolument identique et ce jusqu’au moindre détail tel que les gants ou la broche sur l’encolure du manteau. Sur la photo, elles portent toutes deux un beau manteau dont le bas et les poches ont été ornées de fourrure de lapin par leur maman. Et la voiture pourrait appartenir à l’oncle Louis (Louis Ross), le frère de Thérèse, issu du premier mariage de sa maman.
Printemps : Photo de groupe au cabanon de Bou-Sfer avec, de gauche à droite : Marcel Sanchez, Arlette et Christiane, qui ont 15 ans, leur oncle Louis Ross avec une petite fille non identifiée dans ses bras et, à ses côtés, une jeune femme qui semble être son épouse et pourrait se prénommer Carmen.
Sans date Une photo d’Arlette et de Christiane, façon Studio Harcourt, réalisée par le Studio Morris d’Oran. Les deux cousines ont 15 ans.
4 septembre : Décès de Rogelio Gregorio Sanchez à Oran, à l’âge de 64 ans, des suites de sa tuberculose qui dura plus d’une année. Rogelio décède dans la maison qu'il a tant aimée et dont il s'est tant occupé à Saint-Eugène, au 3 rue Maupas. Pendant toute sa maladie, qui dura une année complète, il n'aura pas été hosptitalisé, suivant en cela l'avis des médecins qui le jugeaient inutile au vu de l'absence de traitements efficaces à disposition.
Ce n’est qu’au tout début des années 1940 que l’on découvrit l’action que pouvaient avoir les premiers antibiotiques pour traiter la tuberculose et c’est en 1943 que le premier malade traité à la streptomycine est guéri. Mais ce n’est encore que la phase expérimentale et, en 1946, la streptomycine commence seulement à être mise à la disposition de certains malades. Rogelio décéda pourtant en 1949 sans que jamais ne lui fût administré un antibiotique…
> Article Wikipédia : « Histoire de la tuberculose »
Fin novembre : Dolorès Sanchez, veuve depuis deux mois et demi et qui vit seule à Saint-Eugène, décide de rejoindre son fils Armand en France, à Saint-Gervais.
Armand quitte alors la pension « Les Regards » dans laquelle il a passé l'année et loue un petit chalet dans lequel où Dolorès pourra cuisiner. Il va la chercher à Lyon, où elle arrive en avion depuis Oran et ils rejoignent Saint-Gervais en train, traversant des paysages de haute montagne enneigés que Dolorès voit pour la première fois. Armand est heureux de lui faire découvrir son nouvel univers.
« Les jours qui suivirent furent tranquilles sur ces immensités neigeuses qui s’étendaient à perte de vue. L’hiver venait d’apparaître et, bien souvent, lorsqu’il neigeait abondamment, ma mère passait ses journées auprès du poêle à charbon qui dominait la pièce. Quand le temps se remettait au beau, nous en profitions pour nous promener aux alentours. Je dus l’équiper d’une bonne paire de chaussures après-skis à semelles cramponnées, qui se révéla fort utile.
Notre petit chalet avait une épaisse couche de neige de vingt centimètres sur son toit et des stalactites de glace pendaient sur ses bords, ce qui le rendait encore plus attrayant. Il se composait d’un rez-de-chaussée servant de remise, et d’un étage ou se situaient nos deux chambres et un coin cuisine, un balcon rustique en bois desservait ces deux pièces et la vue sur les montagnes était des plus agréables. Ma mère fut bien surprise de ce froid vigoureux si bien qu’elle ne quittait point le voisinage du poêle où elle se sentait à son aise. » Armand Sanchez, « Mémoires d’un Pied-Noir ».
24 décembre : Deuxième Noël pour Armand loin de sa famille et de son pays, mais cette fois, il est en compagnie de sa mère.
« Ce Noël fut bien triste pour nous deux. Rien n’y manquait : le ciel étoilé, la lune éclairant ces grandes étendues neigeuses, les cloches des églises dans la vallée. Mais, pour nous, cela nous rappelait ce souvenir lointain, presque effacé où, par un jour de Noël, eut lieu mon baptême avec la famille rassemblée autour de mon père qui participait, par sa vivacité, à cette fête de folklore et de chants andalous.
Les temps avaient bien changé pour nous, les Noëls d’antan que nous avions l’habitude de passer autour d’une table familiale parmi les rires et les chants étaient bien loin des moments vécus actuellement. » Armand Sanchez, « Mémoires d’un Pied-Noir ».
Sans date : Nouvelle photo façon Harcourt de Christiane Herrera par le Studio Morris d’Oran. Christiane a seize ans.
Sans date : Une photo de Thérèse Sanchez, qui a retrouvé sa couleur naturelle de cheveux mais qui conserve sa coiffure haute et crantée toujours aussi sophistiquée. Thérèse a 37 ans.
Mars : Son médecin annonce à Armand Sanchez qu’il est guéri et qu’il peut rentrer au pays.
« Je pouvais à nouveau reprendre une vie normale, retrouver ma famille, mon travail et, par-dessus tout, celle que je chérissais depuis longtemps d’un amour profond, ma petite Arlette, que j’avais hâte de retrouver, de contempler, d’admirer, d’être en sa présence pour me charmer de sa gracieuse silhouette ! Un doute subsistait : est-ce qu’elle voudrait de moi après une si longue absence due à ma maladie ? N’avait-elle pas changé d’avis ? » Armand Sanchez, « Mémoires d’un Pied-Noir ».
Mars : Trois jours seulement après avoir eu la bonne nouvelle de sa guérison, Armand et Dolores Sanchez quittent la Haute-Savoie pour rentrer à Oran.
Le voyage se fait en train de Lyon à Marseille, puis en bateau de Marseille à Oran. La traversée de la Méditerranée est mouvementée car il y a une forte tempête.
« La mer se déchaina à tel point que nous fûmes obligés, par appel des haut-parleurs, de regagner nos cabines le plus rapidement possible. Des vagues terrifiantes, énormes, déferlaient sur nous. Je ne sais le temps que cela dura car après de nombreux vomissements de part et d’autre, je sombrais dans un sommeil profond, blotti dans ma couchette. Ce fut une nuit effroyable pour moi, novice, qui, pour la première fois, prenais un bateau de fort tonnage et traversais la mer ! Quelques heures après la fin de cette nuit mouvementée, les côtes d’Afrique du Nord se dessinèrent au loin. Au fur et à mesure que nous avancions, une joie incommensurable emplissait mon cœur, j’avais la conviction de vivre une autre phase de mon existence et que tout allait être merveilleux sur ce sol natal que je chérissais tant. » Armand Sanchez, « Mémoires d’un Pied-Noir ».
À Marseille, Dolorès et Armand font un arrêt pour la nuit. Ils logent à l’hôtel et visitent la ville qui leur rappelle Oran par son ambiance, ses monuments et son architecture. C'est l'occasion de prendre une photo souvenir devant Notre-Dame de la Garde qui leur rappelle Notre-Dame de Santa-Cruz, qu'ils vont bientôt revoir. C'est encore l'hiver et Armand porte sa chaude canadienne qui ne l'a pas quitté pendant les deux longs hivers qu'il vient de passer en Haute-Savoie. Il y a pris quelques kilos, dus naturellement au repos auquel il était forcé pendant sa cure de santé. Pour lui, comme pour tous les malades des nombreux sanatoriums qui l'entouraient, la consigne était stricte : repos total et grand air. Seul son observation rigoureuse pouvait laisser espérer de venir à bout de cette terrible maladie qu'était la tuberculose.
Juin : Trois mois après le retour d'Armand de France, sont annoncées ses fiançailles avec Arlette Rodriguez. Ses espoirs de retrouver celle dont il était amoureux n'ont donc pas été déçus !
« Afin d’officialiser notre situation et de sceller nos intentions, trois mois après mon arrivée, nous célébrions nos fiançailles par un banquet familial avec échange de bagues fort belles qui annonçaient notre future union. » Armand Sanchez, « Mémoires d’un Pied-Noir ».
Été : Comme de tradition, la famille passe les vacances d’été à Bou-Sfer. C’est l’occasion de prendre quelques photos d’Henri et de Jeannot, qui ont respectivement 10 ans et 19 ans.